S'il est de nos jours de bon ton de saluer nos morts de 14 - 18, il m'apparait évident qu'il ne faut toujours et surtout pas, parler de ce qui c'est passé hier dans les caves de l'Etat...
Et pour cause, notre Histoire montre que ce qui s'est passé hier, se repassera demain, à cause de nos actes d'aujourd'hui ...
A force de considérer que la polique de la France n'est qu'un jeu, on en arrive à des catastrophes... Comme de nos jours par exemple ...
Laissez - nous vous raconter au travers du vécu d'un homme, comment la vie d'un citoyen obscur (vous et moi) peut basculer du jour au lendemain de l'insouciance au chaos...
DANIEL Augustin-Louis
(1883 – 1936)
Avant la guerre de 14-18, DANIEL Augustin, fils unique d'un couple d'artisans nîmois, avait mené une vie confortable, dans la douceur du cocon familial... Quand il a 17 ans, son père décéde et le jeune homme accapare pour lui seul, tout l'amour de sa mère ; il est doué pour l'art et la peinture, il s'inscrit au conservatoire de NÎMES, dont il en sortira avec un premier prix.
A 20 ans, il passe au « Conseil de révision », il faisait parti en effet de la classe 1903 ; en 1904, il est ajourné temporairement car en convalescence de la tuberculose.
D'un tempérament d'artiste, Augustin DANIEL, ne semble pas particulièrement motivé pour faire le service militaire ; ainsi il va multiplié très rapidement les raisons pour une éventuelle dispense du service armé... Il fera pourtant le service militaire et sera incorporé à l'armée d'active, le 7 octobre 1906, au régiment d'Infanterie stationné à NIMES. La même année, il est marié; l'année suivante pendant son service, il a son premier fils... Mais à toutes ces raisons avancées, l'Etat – Major restera sourd ...
En 1914 il a 31 ans lorsque la Première Guerre mondiale éclate. Environ cinquante pour cent des mobilisés français ont de 33 à 51 ans en 1918 et, souligne, Jean Norton Cru “dans aucune de nos guerres depuis 1792 l’âge moyen des combattants n’a été aussi élevé” ...
Le 1 août à 17h15 , le télégramme ordonnant la mobilisation générale arrive dans les Etats – Majors...
Dès le 2 août, les premières tranches des réservistes affluent de toutes parts. Les opérations prévues pour la mobilisation des différentes unités s'effectuent rapidement.
A partir du 5 août, les bataillons et compagnies détachées sont dirigés par voie ferrée ou par voie de terre, sur AVIGNON.
Vu son âge, Augustin DANIEL (31 ans) « part à la guerre » le 26 mai 1915; de toute évidence il rejoint d'emblée la 59ème Brigade du 58ème RI, de la 30ème Division de la IIIe Armée, qui se regroupe sur ARLES puis AVIGNON …
Les deux régiments (40ème et 58ème RI de la 30ème Division du 15ème Corps d'Armée) que va fréquenter Augustin DANIEL, resteront tristement célèbres dans l'histoire de la Première Guerre Mondiale... Il s'agit là en effet de la fameuse histoire de l'Armée du Midi...
En août 1914, les soldats provençaux du XVe corps étaient engagés dans l’une des premières grandes batailles opposant les Français aux Allemands. En fait, l’ennemi attire les Français sur un terrain qu’il a fixé comme champ de bataille, avec une artillerie dont les tirs sont réglés à l’avance.
Les troupes se font massacrer sous un déluge d’obus et de mitraille sans même voir un seul soldat ennemi. Les Méridionaux abandonnent 10 000 morts sur un terrain boueux d’étangs et de prairies, totalement exposé où l’on n’aurait jamais dû les faire manœuvrer. Peu après ils sont pourtant accusés d’être les responsables de la défaite. La rumeur se répand via la presse parisienne et notamment un article du sénateur Gervais dans Le Matin (1,6 millions d’exemplaire par jour) intitulé « La vérité sur l’affaire du 15e corps » que relaient nombre de leader d’opinion comme Clémenceau, alors député du Var.
Peu de voix s’insurgeant contre les affirmations du ministre, hormis la presse du Midi qui affirme d’emblée son hostilité aux propos de Gervais, à l’instar du Petit Marseillais qui le traitera de « honte du Sénat et fumier de la presse ». Ou encore celles de députés du sud qui, en haut lieu, font savoir leur désaccord avec des « allégations incontrôlables sinon mensongères dont leurs compatriotes ont été les victimes ». Dans la réalité, cette intoxication de l’opinion publique est manipulée par le généralissime Joseph Joffre et le ministre de la Guerre Adolphe Messimy.
La vérité est que l’Etat-major est dans l’erreur, lui qui a préparé la guerre de 14-18 avec le point de vue de celle de 1870. La vérité est que l’armée française promise à gagner Berlin en quatre semaines, recule alors sur tous les fronts. L’impréparation vis-à-vis d’une armée allemande qui a choisi son terrain d’affrontement et s’est embusquée, couplée à la doctrine de l’offensive allemande avec « Rosalie » (la baïonnette), accouche d’une hécatombe. Il faut donc des lampistes et Joffre fait accréditer la légende que ce sont les soldats de « l’aimable Provence » qui auraient lâché pied devant l’ennemi et causé l’échec de l’offensive de l’Est.
Ce mensonge gagnera toute la France. Et les soldats méridionaux seront désormais diffamés par la propagande officielle. Or, si les historiens ont depuis reconnu que le XVe corps, en août 14, se battit comme les autres corps, voire aussi bien que les unités dites d’élite, cet affront ne fut jamais lavé. Les auteurs de cette manipulation, les militaires de l’Etat-major et leurs complices de la droite nationaliste, n’ayant jamais eu à rendre des comptes de cette ignominie.
C'est le fameux IIIème Corps d'Armée sur lequel, le commandant Sarrail écrira :"Le 15e Corps m'a été envoyé au moment de la bataille de la Marne ; sa venue était annoncée par une lettre où il était chargé de tous les péchés d'Israël ; c'était un corps sur lequel il était impossible de compter, etc..."
L'ANNEE 1915
Le 58ème RI se trouve depuis janvier – février, en position à BETHINCOURT, aux FORGES et à MALENCOURT... Nous avons la chance qu'un soldat du régiment ait tenu un journal de bord quasiment au jour le jour (« Historique du 58e RI », manuscrit anonyme, imprimerie Rullière, 1920), qui nous permet d'entrevoir l'enfer que cet homme a vécu ...
De Bethincourt à Ville-sur-Tourbe
Le 5 mai 1915 la 30e Division quitte sans regret les tranchées boueuses de Bethincourt, puis par une série de marches le 58e se porte dans le secteur, de Virginy -Massiges qu'il occupe jusqu'au 13 juin 1915. C'est là que les réservistes du 58e RI tout juste fraîchement arrivés d'AVIGNON, dont Augustin DANIEL vont réellement côtoyer pour la première fois les affres de la guerre...
Secteur de Ville-sur-Tourbe
13 juin, 12 août 1915
Le 13 juin le 58e RI, relève le 40e RI dans le secteur de Ville -sur-Tourbe. Le secteur est très pénible, en particulier à l'ouvrage Pruneau, au Calvaire et au Balcon. L'artillerie ennemie y est très active et les premières lignes reçoivent presque journellement d'énormes torpilles. La guerre de mines se poursuit avec activité.
Là, à VILLE-SUR-TOURBE les soldats du Midi ne sont pas bien vus, c'est le moins qu'on puisse dire... A preuve en cette triste fin du mois de mai 1915, où plusieurs d'entre eux, natifs du Var, totalement innocents, seront fusillés pour l'exemple devant l'ensemble du régiment ...
Sur place, le 58ème RI qui n'a ni casques ni fusil (!) se met au travail et construit de solides abris qui diminuent ses pertes.
Le 7 juillet un groupe de 20 hommes, conduit par le sous-lieutenant FRAY, tend une embuscade et enlève 2 prisonniers. Le 13 juillet une pièce allemande à longue portée tire 2 obus sur Courtemont où le régiment est au repos. 2 officiers, 1 adjudant-chef et plusieurs hommes sont tués.
Dans la période du 13 juin au 12 août 1915 le 58e a perdu dans le secteur de Ville -sur-Tourbe : 28 tués et 77 blessés.
L'offensive de Champagne
(septembre - octobre 1915)
C'est là qu'Augustin DANIEL va vivre un épisode du tristement fameux "Chemin des Dames", où entre le 13 et le 15 septembre, plusieurs milliers de soldats moururent dans une offensive qui ne servit à rien !
Le 25 septembre, le régiment, se rend à Meurival, en réserve pour l'attaque préparée dans le secteur de Pontavert, Bois des Buttes, Berry-au-Bac, mais l'attaque étant contremandée, il est transporté en autos le 2 octobre au Bivouac près de Jonchery.
Le 5 octobre à la nuit, il se porte en réserve dans les boyaux de Limagne et de la Martinique.
Le 6 octobre à 5 h 20 l'offensive est reprise par les régiments de 1re ligne. La canonnade, violente toute la nuit, fait rage.
Vers la fin, de la journée, le marmitage devient sérieux : les 9e et 10e Compagnies, particulièrement visées, subissent le bombardement sans broncher. La 10e Compagnie est citée avec son chef, le Capitaine VUILLEMIN, à l'Ordre du Régiment :
« Le 6 octobre 1915, de 15 heures à 20 heures, la 10e, Compagnie du 58e R . I . ,sous le commandement de son chef, le capitaine VUILLEMIN, a supporté dans un ordre impeccable, sans un geste, avec un calme stoïque et imperturbable, un bombardement continu d'obus de gros calibre. En raison de cette attitude et des travaux entrepris avec activité dès le début du stationnement, la Compagnie n'a subi aucune perte. »
Le 8 octobre la 30e D.I est rattachée au 6e C A, et, le 9 octobre, le 58e relève, dans 1e secteur de la Butte de Souain, les troupes de première ligne fatiguées par les combats des journées précédentes. L'organisation du secteur est complètement à faire. Il n'existe que de petites tranchées creusées à la hâte en fin de combat. En avant des lignes de nombreux cadavres n'ont pas encore été relevés.
Le régiment se met au travail avec ardeur malgré de violents, bombardements.
Pendant sa période de garde en première ligne le 58e a créé presque entièrement les organisations défensives du secteur. Il a relevé 5 blessés qui étaient restés plusieurs jours entre les lignes,
enseveli décemment 300 officiers et soldats de divers régiments, dont 24 allemands. Il a reçu les félicitations du Général commandant le 6e C. A. et du Général commandant la 30e D. I. Il a perdu 20 tués et 85 blessés. Parmi les tués se trouve 1e sergent AMBROSIO, premier grand prix de Rome, pour la sculpture, modèle de courage et de simplicité, qui fut broyé par un obus, au cours d'une relève. Les brancardiers HUSTACH, LATOUR, BERAUD et FERAUD reçoivent la croix de guerre.
Dans la nuit du 10 au 11 octobre, entendant l'appel de blessés, restés entre les lignes; ils vont chercher un blessé allemand; le 11 à 7 heures, ils retournent chercher un blessé français, en vue de l'ennemi, bien que celui-ci eut tué deux autres brancardiers qui avaient tenté semblable sauvetage.
De même le 12 octobre le sergent PINET avec le caporal MÉRY, le caporal MELLE avec le soldat BONY vont chercher des blessés entre les lignes et les ramènent malgré le feu de l'ennemi. L'un de ces blessés, qui a la jambe brisée par une balle, a conservé un moral splendide. A peine arrivé dans nos lignes, il s'écrie : «On en boira encore des mominettes à Pantruche»...
Le 58 R. I. devant REIMS
Le 3 novembre embarquement à Saint-Hilaire pour Epernay.
Le 6, le régiment est à Reims, dont il assure une partie de la défense jusqu'au 20 mars 1916, dans les sous-secteurs route de Cernay et Butte de Tir. Secteurs calmes et bien organisés, défenses accessoires solides, abris à l'épreuve, relèves faciles en plein jour.
L'ANNEE 1916
Le 21 février 1916, le tonnerre des canons marque le début de la bataille de Verdun. Situé sur le secteur de Verdun , le village perdu par les troupes françaises le 24 février 1916 et repris le 15 décembre 1916 disparaitra totalement sous l'acharnement des pilonnages des obus français et allemands.
De nos jours, cette commune ne possède aucun habitant. C'est l'un des neuf villages français détruits durant la Première Guerre mondiale qui n'a jamais été reconstruit. Déclaré « village mort pour la France » à la fin des hostilités, il fut décidé de conserver cette commune en mémoire des évènements qui s'y déroulèrent. La commune est aujourd'hui administrée par un conseil de trois personnes désignées par le préfet de la Meuse.
Tués |
40ème Régiment d'Infanterie |
167 |
58ème Régiment d'Infanterie |
282 |
|
19ème Régiment d'Artillerie de Campagne |
66 |
|
Blessés relevés |
40ème Régiment d'Infanterie |
410 |
58ème Régiment d'Infanterie |
280 |
|
19ème Régiment d'Artillerie de Campagne |
13 |
|
Disparus |
40ème Régiment d'Infanterie |
341 |
58ème Régiment d'Infanterie |
587 |
|
19ème Régiment d'Artillerie de Campagne |
76 |
Du 20 juin au 20 août 1916, le 58ème RI monte en ligne à Louvemont - Côte du Poivre, avec les 40ème, 61ème et 240ème RI.
Le 22 août 1915, l'hécatombe est terrible :
30ème Division d'Infanterie |
59ème Brigade |
40ème Régiment d'Infanterie |
1 Bataillon |
58ème Régiment d'Infanterie |
1 Bataillon |
||
60ème Brigade |
55ème Régiment d'Infanterie |
2 Bataillons |
|
61ème Régiment d'Infanterie |
2 Bataillons |
||
Non embrigadé |
173ème Régiment d'Infanterie |
4 Bataillons |
Augustin DANIEL a participé à la tristement célèbre Bataille de VERDUN, en 1916, s'en est sorti vivant et a reçu la médaille de VERDUN ... Son nom figure au Mémorial de VERDUN...Maigre consolation pour tant se souffrances endurées ...
On se doute bien que les courriers de cette époque, échangés entre la mère et le fils avaient pour principale préoccupation de savoir comment faire pour échapper à cet enfer ?
Donner de l'argent à l'Etat pouvait être « la solution »... « Acheter sa liberté » en quelque sorte... C'est peut – être bien pour cette raison que la mère d'Augustin, Elisabeth MAILLET, veuve DANIEL, pour « sauver » son fils, a donné à l'Etat tout ce qu'elle possédait en or en échange de billets de banque sans valeur ....
Hélas, la démarche de la mère ne servira pas à grand chose, le 12 décembre 1916, le 58e RI est relevé du secteur de PAISSY puis concentré autour d'OULCHY-LE-CHATEAU.
Là, se termine l'histoire du régiment dans l'Est de la France... Le régiment est en effet affecté à TOULOUSE, avant de partir pour l'Armée d'Orient …
Augustin DANIEL reste sur place et il est alors affecté au 75e RI de la 27ème Division. Le 1 octobre 1917 Augustin vu son âge est affecté dans « la Territoriale » (cette partie de l'armée est composée des hommes âgés de 34 à 39 ans c’est-à-dire nés entre 1875 et 1880), et monte avec le 75ème RI dans le département de la Somme.
Dans les régiments, on les appelle « les Pépères »... Le 09 mai 1918, Augustin DANIEL est blessé par un éclat d'obus à la main droite très exactement à l'éminence supérieure du thénar. Il est alors hospitalisé à l'hôpital de Dunkerque, où il restera 1 mois jusqu'au 8 juin 1918, date qui marquera pour lui très certainement, la fin de la guerre.
Dans son malheur, Augustin DANIEL a beaucoup de chance, car avec le recul du temps, on peut s'interroger sur cette blessure, en ce sens que ce type de plaie était fréquent chez ceux qui voulaient
se faire réformer et était assimilé à l'automutilation ...
Mais nous sommes en fin de guerre et il semble que la tolérance des supérieurs soit de mise ...
On citera le cas par exemple de ce soldat corse TOMASINI le 11 septembre 1914, chez qui les médecins militaires avaient diagnostiqué :
"Une plaie de la main gauche ; orifice d'entrée éminence hypothénar ; orifice déchiqueté et noirci, brûlé par les gaz ; orifice de sortie d'éclatement sans grand délabrement" … Et avaient conclu :
"Ce militaire doit être considéré comme mutilé volontaire". Et pas plus tard que le lendemain à l'aube,
TOMASINI sera fusillé ! ...
L'aprés guerre ...
Augustin DANIEL aussi ! Mais par le Pinard !...
A la fin du conflit, Augustin DANIEL est de retour sur NÏMES ; âgé de 35 ans, il semble déjà très perturbé, tant il est vrai qu'il engage aussitôt et sans aucune raison évidente, une procédure de divorce d'avec Marie – Louise GARCIN. Le couple a un fils DANIEL Pierre, alors âgé de 11 ans. Le couple n'est pas un cas isolé, tant il est vrai que les "populationnistes" de l'aprés guerre, s'inquièteront des ravages indirects occasionnés par la guerre de 1914-18 : le nombre des divorces augmente.
Blessé à sa main droite, Augustin DANIEL a du mal à trouver du travail, il vivra aux crochets de sa mère (bouchère) pendant 7 ou 8 ans, exerçant de temps à autres des petits boulots (artiste – peintre, premier prix du conservatoire de NÎMES, il peignait les plafonds des églises)...
Un autre bémol et pas des moindre, est venu se rajouter : avec la guerre, il est devenu alcoolique …
Ayant été élevé dans le milieu de la vinasse, Augustin DANIEL, présentait il est vrai, tout le profil pour devenir un futur alcoolique (le père était tonnelier)... Mais il est vrai aussi que l'abondante consommation d'alcool était courante avant 1914... Et surtout aprés ...
Le fait est que dans les tensions et les violences de la guerre des tranchées, la consommation d'alcool sert à l'évidence à apaiser ou à oublier.
Pour toute l'armée, du simple poilu au haut commandement,
« Le père Pinard est un père la victoire ».
Les témoignages sont formels : ivresse et beuveries ne sont pas rares, voire même, sont légions.... Les soldats sont souvent à la recherche de rations supplémentaires : comme l'écrit en 1915 Jules Isaac, « la chasse au pinard est depuis le début de la guerre la principale occupation du poilu »...
Le pinard était en fait devenu une arme de l'Etat - Major...
La consommation massive de vin fit qu'une réalité moins glorieuse vit le jour dans l'armée française où « l'alcoolisation des troupes fut de grande ampleur ». La consommation du pinard réjouit moins les autorités militaires qu'elle ne les inquiéta alors.
En 1915, l'Académie nationale de médecine définissait les normes de consommation de vin autour de 50 à 75 centilitres par repas.... Dans la presse, des voix s'élevèrent (hommes politiques, éditorialistes) pour demander que le pinard « soit cité à l’ordre de la Nation pour avoir concouru, à sa manière, à la victoire ».
Y a - t - il eu une relation de cause à effet dans l'évolution psychique de l'homme ? C'est en tout cas, ce que la suite de l'histoire semble démontrer ...
Errant dans Nîmes de bars en bars, il y rencontre Maria LAHONDES, une jeune femme de 21 ans, elle – même en situation d'errance, qui vient juste d'arriver sur NIMES venant de sa Lozère natale, d'où elle a été rejetée car fille – mère ...
Le couple qui n'a pas ou pratiquement pas de revenus, se marie en 1923 et part vivre à Saint Gilles du Gard, où naîtront 3 enfants. Mais coupé de ses racines nîmoises (et surtout des subsides de sa mère), qui plus est, alcoolique au plus haut point, l'homme est devenu incapable de s'assumer et à plus forte raison d'assumer une famille ; une nouvelle fois ce sera la fuite …
La famille en dé sérance arrive à ARLES dans le quartier populaire de la Roquette où ils vont loger dans une misérable mansarde... Maria trouve du travail chez un notaire arlésien comme bonne à tout faire, Augustin dans ses rares moments de lucidité travaille comme peintre en bâtiment pour un artisan du coin... En 1928, sa mère décède à Nîmes et lui laisse quelques sous en héritage ; un maigre magot vite bu …
Le 16 mai 1936, un de ses fils (mon père) le retrouvera pendu à une poutre de ce grenier qui leur servait d'habitation …
Max DANIEL
Petit-fils de Poilu...