Suite aux trés nombreux courriers que nous recevons de TOUS PAYS, nous vous promettons de traduire cette page en anglais ... Mais ... PATIENCE !...
Elle est désormais exposée au Musée de l'Arles Antique, pour le plus grand plaisir des incrédules ... Mais pas du contribuable qui constate qu'avec la somme d'argent dépensée, on en aurait largement construit un neuf voire plusieurs ...
Nous sommes dans une France en panne d'idées, placée sous le dictat de la pseudo - culture...
Dans cette épave du Rhône, il a été trouvé un bloc de pierre, identifié comme venant de Saint Gabriel, alias Ernaginum. Nous avons retrouvé la rampe du quai d'expédition de ces carrières...
Que serait l'archéologie sans l'imagination
ou l'intuition des hommes?...
En fait ce sont probablement les inondations de décembre 2003, qui m’ont emmené à travailler sur les anciens rivages de la Camargue. La brèche créée en amont d’Arles, responsable de l’inondation des quartiers Nord de la ville, avait formé une immense nappe d'eau qui, barrée par les digues du Vigueirat et de la Roubine du Roy, n'arrivait pas à s'évacuer... Elle me rappelait l’ancien passage du Rhône du début de notre ère : venant de Saint Gabriel (Ernaginum) le fleuve antique s'engageait dans le couloir Alyscamps-Fourchon... C'est ainsi en effet qu'il semble figuré sur la Table dite de Peutinger, carte que l’on date communément d'avant le 4ème siècle de notre ère.
Or dans le cas de 2003, c'est bien contre la digue du canal du Vigueirat (celle qui borde le quartier de Montplaisir), et celle de la roubine du Roy (limitrophe du quartier de Grisfeuille, que les hauteurs d'eaux furent les plus importantes... Un peu comme si le fleuve cherchait une ancienne issue, qui vu la déclivité des terrains, ne pouvait se situer que vers le défilé Alyscamps – Fourchon... Mon imagination galopante m'emmena très rapidement à me dire qu'après tout, si la Table de Peutinger était fiable au moins sur ce point de passage du fleuve, pourquoi ne le serait-elle pas sur d'autres ?... Comme par exemple, la présence de deux îles et leur positionnement dans l'ancien delta... Je le sais, cette façon de penser va totalement à l'encontre des idées que se font les scientifiques, du paléorivage de la Camargue, et il est vrai que ce découpage si particulier de la côte, n'a, à ma connaissance, jamais été évoqué...
Tout un chacun s'accorde pour annoncer une fin prochaine du rivage camarguais que nous connaissons; ma démarche de pensée va dans le même sens : la Camargue est effectivement victime d'une érosion intense et inéluctable de son littoral. Certes le niveau de la mer monte, certes les érosions maritime et éolienne sont conséquentes; mais de toute évidence un autre phénomène doit être pris en compte : la sismologie, phénomène naturel responsable en grande partie depuis le début de notre ére, de la modification de la côte camarguaise. Alors, comment expliquer, l'influence de ce phénomène géologique, tout en restant simple ?
La géographie du Delta avant notre ère
Les cordons littoraux mis à jour tendent à montrer que le littoral originel de la Camargue, remontait très nettement vers le Nord. Le fleuve a put suivre le parcours - Défilé d'Arles-Fourchon, Rhône Par le biais des premiers apports sédimentaires le fleuve va continuer sa course par le Rhône de Pecaïs. Ce bras se fermera lui-même vers le IIIème siècle avant JC et donnera naissance d'abord au bras de Saint Féréol et puis à celui d'Ulmet.
Depuis le rivage maritime qui se trouvait alors à hauteur du Château d’Avignon, les sédiments apportés par le Rhône de Saint-Ferréol vont construire en un peu plus d’un millénaire, une immense pointe triangulaire s’avançant sur la mer jusqu’à plusieurs kilomètres au sud de l’actuel rivage des Saintes-Maries de la Mer. Cette pointe, était formée d’une succession de cordons sableux emprisonnant des lagunes. Cette structure est encore bien visible, surtout à l’ouest du tracé du Rhône de Saint-Ferréol, avec la succession des étangs de Consécanière, de Ginès et des Launes, et les cordons qui les séparent, empruntés par les deux routes allant de Pioch-Badet aux Saintes-Maries-de-la-Mer. C'est quelque peu avant l'époque grecque que l'on va assister après d'autres périodes de crues, à la percée du Rhône d'Ulmet, et à la création de la plaine d'inondation (l'actuelle Tête de Camargue) créant ainsi le fameux « immense étang » que nous signale Platon..d'Albaron, la mer -. Le Rhône abouchait alors à la hauteur de l'actuel Château d'Avignon.
La séparation des deux bras, va se faire aux environs de Valériole, puis le nouveau cours part vers le Sud, en longeant le bord Est du Vaccarès, avec une dérivation entourant le marais de Saint-Seren, au niveau de la Tour du Valat . La fin de son cours est mal connue, mais de toute évidence, selon les recherches effectuées sur les cordons littoraux, le bras se jetait du côté du mas de Boisviel, dans ce qui va devenir le Grau des Marseillais.
Peu avant le premier siècle avant notre ère, une nouvelle crise hydrologique va être à l'origine de la création d'un bras qui va séparer l'île de Camargue des origines (la partie de terre comprise entre les bras de Saint Féréol et d'Ulmet) en deux îles bien distinctes. C'est du moins ce que la Table de Peutinger semble nous décrire... Cette configuration sera l'aspect de la Camargue à l'époque romaine (du Ier siècle avant JC et au moins jusqu'au IVème siècle aprés), que je propose ...
Quelques mots sur l' évolution de la Camargue
Concernant cet article, certains de nos lecteurs pourront s'interroger sur l'utilité de rechercher les anciens rivages, qu'ils soient fluviaux ou maritimes, et à plus forte raison, des deux à la fois. Pour ce qui est du cas de la Camargue, l'étude des paléorivages me semble bien représenter les importantes modifications que notre région a subit au fil des siècles, et de fait les inéluctables transformations qu'elle subira dans l'avenir...
De nos jours, la moindre aggravation météorologique, provoque à juste titre, l'inquiétude des habitants des Saintes Maries de la Mer relayée, peut être pas toujours à bon escient, par les médias locaux... L'érosion du littoral à la hauteur même du village, semble en être la principale source d'interrogations... Face à ce phénomène, la réponse des élus s'oriente vers un renforcement des digues... Si ce n'est que le coût de tels travaux apparaît comme étant des plus prohibitifs, tout particulièrement par ces temps de crise économique, où l'argent des contribuables se doit d'être dépensé avec parcimonie.... D'autant qu'une hypothèse de recherche semble avoir été oubliée...
En effet, cette spectaculaire érosion des sols ne s'explique certainement pas uniquement, par la montée du niveau de la mer, l'érosion éolienne ou la force des courants. Elle est due essentiellement, je pense, à l’instabilité du sol camarguais de type sablo-vaseux qui sous l’action des mouvements sismiques provoque un glissement des plaques littorales vers les grandes profondeurs. C’était l’idée maîtresse de Fernand BENOIT : … Autant de phénomènes d’érosion qui semblent ne pouvoir s’expliquer absolument que par une dénivellation causée par un affaissement du sol, dont l’effet fut sensible, en particulier aux XIIIème et XVIIème siècles…
Sous la poussée de la plaque africaine, la plaque adriatique bute contre la plaque européenne, entraînant la fermeture de la Téthys et, par collision, la formation des Alpes et des Apennins.
Ce plissement se poursuit, à la vitesse de 1 à 2 cm/an, occasionnant des séismes (ROGNES et ses conséquences aux Saintes-Maries-de-la-Mer le 11-6-1909).
Au plus prés de nous, en 1909, le séisme de Rognes, pourtant peu ressenti du côté des Saintes Maries de la Mer, fut certainement responsable d'un important affaissement des fonds sous-marins de la côte saintoise.
Face au village, les rebords du plateau continental distants des côtes de quelques centaines de mètres sont très escarpés; avant de glisser vers les grandes profondeurs, les alluvions des embouchures du fleuve s'y déposent en couches instables.
Un micro séisme local ou une forte crue des Petit et Grand Rhône peut faire basculer ces masses de limon et de cailloutis. Il se dit par exemple que le séisme de ROGNES a fait reculer la côte de 2500 mètres... L'ancien cimetière qui se trouvait au sud des arènes est actuellement par 5 mètres de fond...
Le danger pour l'avenir est bien là ! En méditerranée, les mouvements sismiques sont relativement fréquents, au point que leurs manifestations ne se situent pas uniquement sur l'échelle géologique, encore que nos informations dans ce domaine soient quelque peu limitées... Quelques exemples de mouvements telluriques « récents » nous sont connus, citons au plus proche de nous : Antibes le 20-7-1565 ; Marseille le 29-6-1725 ; Antibes le 23-3-1818 ; ouest de Marseille en 1821 ; encore à Marseille le 8-7-1829 ; sur le littoral de Cannes et à Oneglia (Italie) le 28-2-1887 ; Stes-Maries-de-la-Mer le 11-6-1909 ; de Nice à Antibes le 17-9-1979.
Le séisme de ROGNES
IV Secousse constatée par l'homme en activité. Ébranlement d'objets, trépidations des vitres.
V Secousse généralement ressentie. Tintement de sonnettes, ébranlement de meubles, lits, etc.
Il y a 5000 ans le littoral, arrivait à la hauteur du Château d'Avignon. Entre temps le littoral saintois a progressé vers le Sud de plusieurs kilomètres... Le niveau de la mer étant beaucoup plus bas : ce sont bien les dépôts limoneux apportés par le fleuve qui ont fait reculer le rivage.
Il se trouve que, ces fonds sablo – vaseux caractérisent l’espace sous - marin de la zone située entre les deux embouchures (du Petit – Rhône au Grand – Rhône). Ce dépôt repose sur un fond dur dont l’inclinaison est très forte suivant les endroits, tout particulièrement face aux régions des deux embouchures. Les épaves antiques actuellement identifiées au large des Saintes, sont peu nombreuses eut égard à l'activité commerciale antique que l'on prête volontiers à cet endroit de la côte... Elles se trouvent posées sur le haut de la zone sous – marine la plus pentue.
De fait, on peut légitimement se demander, où sont donc passées les autres épaves ? Certainement dans les grandes profondeurs, que même la DDRASM avec ses importants moyens, ne peut visualiser.... La logique porte à penser, que l’ensemble de la couverture sablo – vaseuse glisse inexorablement vers les grandes profondeurs du Sud – Ouest du golfe, entraînant avec elles ces vestiges sous – marins. Ce glissement naturel ne peut être qu'accéléré lors des secousses sismiques, et ce quelques soient leurs amplitudes.
Or pour cette zone si particulière de la côte, on ne peut que déplorer l’absence de surveillance sismique du plateau sous-marin continental, je pense plus particulièrement à des capteurs posés sur le fond à hauteur des lignes bathymétriques et destinés à en surveiller les glissements. Pour preuve, les différentes cartes côtières1dressées au fil du temps, montrent un très net recul du trait côtier ainsi que l’accroissement des profondeurs de la frange littorale, tout particulièrement face aux Saintes Maries de la Mer.
De part l’absence d’une surveillance scientifique de la zone, les courbes bathymétriques des 5 et 10 mètres, ne sont plus identifiables (aucun relevé n’a été fait depuis 1985)…..
Aux Saintes et de nos jours il y a, prés de 2,00m de fond au pied de la digue Est; en octobre 2006, un simple vent de force 4 l'a rompu en divers endroits.... Alors, le renforcement des digues est-il la solution pour protéger ce lieu ? Certes non d'autant que l’édification de ce type de protection n’est pas une nouveauté en soit... A l’Ouest du village, les anciens avaient déjà édifiés une digue de protection (visible sur la carte de 1872) mais qui au moins depuis 1895 avait déjà disparue sous les eaux !...
Pourquoi pas ? D'autant que les quelques solutions apportées jusqu'à présent, par différents chercheurs, ne sont pas du tout satisfaisantes... Y compris cette représentation de la Camargue antique, placardée sur un mur du Musée Bleu, un peu comme si l'on n'avait pas su quoi mettre...
« Comment peut-on de nos jours adapter la Table de Peutinger à la géographie de la Camargue ? » Les apports sédimentaires du fleuve combinés à la hausse du niveau de la mer, mais aussi et peut-être surtout les effondrements sous-marins, sont certainement les facteurs essentiels qui entravent notre vision de la Camargue Antique.
Voici ce que nous observons sur le document :
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ARLES était sur la rive droite du fleuve. Le fleuve passait donc à l’Est de la ville, dans le seul espace possible: le défilé ALYSCAMPS – FOURCHON.
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Sous ARLES, le fleuve se jetait semble-t-il, dans un étang que les Grecs appelaient STOMMALIME. Cette nappe d'eau semblait occuper l'ensemble de ce que nous appelons aujourd'hui la Tête de Camargue.
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Deux îles s'étaient formées au centre du delta et trois couloirs fluviaux donc trois embouchures, sont représentés sur la carte.
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Les pointes sud des deux îles semblent être à la même lattitudeque la région de Fos – sur - Mer.
D’autre part la logique veut qu’à son origine, les trois bras du fleuve n’ont pu que circuler dans les sillons les plus bas du relief deltaïque. Nous connaissons quelques uns de ces passages, ils ont été nommés :
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Le Rhône d’Albaron. Mais sur la Table de Peutinger, aucune indication ne nous montre la prolongation de ce bras par les Rhône de Canavère et de Peccaïs... En ce sens, il me semble plus logique de faire aboutir ce Rhône d'Albaron, quelque part en aval de l'actuel mas de Carrelet. Or avec cette simple modification , nous nous trouvons en conformité avec le graphisme de la Table de Peutinger...
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Le Rhône d’Ulmet, se jetant dans le gradus massalitorum ou grau des Marseillais.
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Le Rhône de Saint Féréol, débouchant en mer par une péninsule, séparant le grau des Marseillais du Grau Lybique.
Ces parcours, dont les tracés résultent de sondages géologiques partiels, ont été illustré par les archéologues... Il est vrai que ce schéma ne correspond pas ou pas vraiment à la Table de Peutinger. Mais à mon avis, il ne s'agit que d'une affaire d'interprétation graphique ... Les traits des différents rivages de la carte que je propose ci-dessous, suivent plus ou moins les paléo-chenaux d'Albaron, de Saint Féréol et d'Ulmet mis à jour. Pour le moment, une seule modification graphique est nécessaire: celle du Rhône d'Albaron qui devait rejoindre celui de Saint Féréol du côté du mas de Bardouine, en suivant les Costières du Gard. Ainsi pour ce qui est au moins de la rive droite du fleuve, nous sommes en adéquation avec la Table de Peutinger...
Il est peut-être bon de noter que les parcours des trois bras du fleuve, sont encore identifiables; tant il est vrai que probablement, le relief antique a été recouvert d'une couche uniforme de limons, faisant en sorte que les anciens sillons d'écoulement des eaux du fleuve, sont encore perceptibles de nos jours, et ce sous la forme de collecteurs que sont roubines, égouts et canaux.
Il est en effet étonnant de retrouver de nos jours dans le réseau de drainage de la Camargue, ces trois paléo-chenaux, sensiblement aux mêmes endroits à savoir:
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Pour le Rhône d'Albaron: les marais de Beaucaire et de Bellegarde; puis prés d'Arles : la roubine des Bastières, celle de Rousty, l'égout de Saliers, le marais des Pétassades, la rigole de Méjanes. Le paléochenal d'Albaron rejoignait celui de Saint Féréol dans la zone des Patis de la Trinité, de la Sigoulette et Bardouine.
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Pour le bras de Saint Féréol: la partie naviguable du fleuve peut se retrouver à sa sortie du défilé arlésien, dans le tracé de la roubine de la Triquette via la roubine de la Grande Montlong puis les marais de Gageron-Valériole-Villeneuve. Le bras naviguable de Saint Féréol, longeait alors la Montagne par le biais du canal de la Petite Montlong, et coupait l'île par le canal de la Grand-Mar (la Fosse Marienne 1). Le bras naviguable de Saint Féréol rejoignait celui d'Albaron dans la région du mas de Carrelet, par le canal de Rousty et la rigole de Méjanes. A partir de Carrelet les deux bras filaient en ligne droite vers l'embouchure du Grau de la Fourcade.
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Le bras d'Ulmet, était la partie du fleuve qui, à hauteur de l'anse Gageron-Valériole-Villeneuve, se détachait du bras de Saint Féréol, pour se diriger vers le grau des Marseillais. Il est très probable que déjà au début de notre ère, le Rhône d'Ulmet difficilement navigable, n'avait déjà plus que le statut de marécages.
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Le bras médiant, un passage peu profond entre les deux îles qui a dû s'ouvrir aprés une forte crise hydrologique, à la fin de l'époque grecque ou vers le 2ème siècle avant JC.
Mais où en est – t – on des réflexions sur ces cours d'eau ? Gilles Arnaud Fasseta, écrit: « on sait tout au plus que l'écoulement des eaux fluviales du delta, est alors partagée entre trois paléochenaux: Saint Féréol, Albaron et Ulmet... Le Rhône de Saint Féréol représentant le bras majeur, occupe une place centrale dans la construction du delta... ». Il s'aligne sur les avis de deux autres chercheurs, Gauthier Descottes (1879) et Lhomer (1987): « ... Le bras de Saint Féréol était encore important à l'époque romaine, il aurait cessé de fonctionner au XIème siècle, mais son lit fut curé et entretenu sous forme de roubine jusqu'en 1440».
Dans ma représentation des anciennes embouchures, le lecteur observera, qu’il a pu exister sur le rivage de l’ancienne Costière de Crau, une sorte de golfe, mis en évidence de nos jours, par trois importants sites archéologiques, tous datés du 1er siècle avant JC : Gageron-Valériole-Villeneuve.
Pour réaliser une interprétation de la Table, il fallait choisir des points et des lignes caractéristiques, voire immuables au travers des âges :
En descendant le bras de Saint Féréol, vers la bouche dite Massaliotique, ou Grau des Marseillais, les auteurs anciens nous décrivent la présence d'une montagne qui ne peut avoir été, rien d'autre qu'une pénétration du plateau de Crau en Camargue: « … Il y a en effet une montagne qui sépare l’embouchure de l’étang… ».
Il est vrai que l’on retrouve de nos jours, l'éminence de cette montagne . La partie disparue, donc la plus basse ayant été nivelée par les crues et les apports sédimentaires du fleuve, entre le Vème siècle et le haut Moyen-Age. Nous allons l’appeler la montagne de Villeneuve . Cette avancée du plateau de Crau, pourrait être caractérisée par une ligne de crête allant de Valériole vers le point le plus élevé des Costières de Crau bordant le fleuve antique, l'actuel mas de Kanontge. Les aménageurs modernes du fleuve devront couper cette montagne par le fameux seuil de Terrin.
Une partie de cette éminence, pourrait bien être l'élément révélateur du rivage flandrien oriental, découvert sous la forme d'un cordon littoral à la hauteur de Boisviel. Ce profil du rivage Flandrien pourrait être schématisé par une ligne allant du Château d'Avignon, via le rivage Nord de l'actuel étang de Vaccarés, puis Boisviel.
Document CNR: Carte géologique de la Crau d'Arles.
Adaptation de la Table de Peutinger
à la cartographie actuelle
Le lecteur pourra suivre le raisonnement sur les cartes IGN 2943 ET, 2944 OT, 3044 OT.
De ces constatations et à la lumière des plus récentes investigations archéologiques, terrestres et sous-marines réalisées dans le delta du Rhône , il m’est apparu peut-être possible d’esquisser une approche de ce qu’a pu être la cartographie des embouchures du début de notre ère, en s'inspirant du graphisme de la Table de Peutinger, seule image cartographique de l'époque antique …
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La COSTIERE DE CRAU : Il est bien évident que ce trait de côte est à réinventer. Si la Costiére de Crau est actuellement dessinée par le Grand-Rhône, celà ne pouvait pas en être le cas au début de notre ére.... Dépots limoneux obligent. A notre avis, le fleuve circulait plus à l'Ouest de son parcours actuel. On pourrait globalement dessiner la Costiére par le trait suivant : la colline de Fourchon, les abords de l'actuel Pont Van Gogh, le mas Sainte Agathe sur l'actuelle rive droite du fleuve, puis le mas de Quiqueran, la Tour de Mondony, la Couronnade, Beynes, Tour Blanque, Gageron, Valériole, Villeneuve, Saint Germain, les Cabanes de Romieu, La Capelière, puis le mas de Fiélouse (où un de nos lecteurs nous signale la présence à l'Ouest du mas, d'un vestige de quai équipé de 2 ou 3 anneaux). Cet endroit est sondé actuellement par O. BADAN (cf les articles du quotidien la Provence).
L'actuel mas de Fiélouse aurait été la limite fluvio-maritime de la Costière de Crau, en ce sens qu'à partir de ce point, la côte aurait obliquée trés nettement vers l'Est et plus particulièrement vers la Roque d'Odor, aujourd'hui les Salins du Relais, appelée autrefois Tour Romaine...
Au Nord de la Camargue: A la sortie du défilé ALYSCAMPS – FOURCHON, le fleuve arrivait dans un étang que Strabon décrit « … un étang d’eau de mer, que l’on appelle STOMALIMME (étang de la Bouche) qui contient toutes sortes de coquillages et est par ailleurs très poissonneux… ». N'oublions pas qu'il y a 5000 ans, le littoral arrivait à la hauteur du château d'Avignon, zone de confluence des bras d'Albaron et de Saint Féréol; de fait l'étang que nous décrit Strabon, a très bien put être un grau alimenté par la mer et les eaux de crues des Rhône. La Table de Peutinger nous montre, que les eaux de l'étang s’écoulaient vers la mer par trois bras en dessinant deux grandes îles longitudinales orientées dans l’axe Nord – Sud. Les profondeurs maximum de l'étang, ne pouvait se trouver que dans les parcours supérieurs des bras d'Albaron et de Saint Féréol . Cette profondeur ne pouvait être que conséquente puisque aprés la Baie de Gageron-Valériole-Villeneuve, l'écoulement des eaux vers la Bouche Massaliotique dèjà très envasée, était devenu extrêmement laborieux ! Cette constatation m'emmenera à évoquer un peu plus loin dans le texte, la position possible de la première Fosse Marienne.
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Les deux îles de la Table de Peutinger: Je pense qu'il est aussi possible de retracer ce qu'ont put être les profils de ces deux îles sachant que ce sont elles qui en leurs pointes méridionales, ont été le plus victimes des effondrements sismiques. Je vais les décrire sous les noms d'îles de Bouchaud et de Carrelet :
L'île de Bouchaud
Le lecteur en excusera le graphisme... La tête de cette île se trouvait dans la zone du mas dit Les Jasses de Bouchaud.
Le profil de l'île, semble suivre le tracé de côtes suivant:
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Rive orientale : Les Jasses de Bouchaud, mas de la Butte, Remoule, Sainte Cécile, Mourefrech, Cabassolle. La suite du trait de côte est actuellement noyé dans l'étang de Vaccarés et semble se diriger vers le site de La Capelière site, où à l'Est, venait passer le bras d'Ulmet, aujourd'hui apparaissant sous l'appelation de Roubine de l'Aube de Bouic. Nous sommes alors à l'extrémité Nord du Grau des Marseillais, où les tours de Vazel et de Brau, ont très bien put être les sentinelles antiques de l'entrée du Grau des Marseillais. Le pendant de ces deux tours, sur la Costière de Crau aurait été Tourtoulen. L'abouchement du Rhône d'Ulmet dans le Grau des Marseillais, serait identifiable de nos jours dans la zone toujours très humide comprise dans l'espace de l'Aube de Bouic, de la roubine de Giraud et de l'Egout de Provedel.
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Rive occidentale : Les Jasses de Bouchaud, pavillon de chasse de Merle, Roustides de Bourgogne, mas d'Agon, puis le bord du Plateau d'Agon. La suite du trait de côte est actuellement noyé dans l'étang de Vaccarés. On peut peut-être le deviner du côté du Radeau Long du Terme, puis de la Foux du Lion. La côte pourrait avoir rejoint le bras médiant du fleuve et la mer, par le Trobas de Rousty.
L'île de Carrelet
On peut encore en deviner les côtes occidentale et orientale, qui pourraient se définir ainsi :
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Rive occidentale : Domaine de Méjannes – mas de Carrelet - mas Michel - les Fringants. Le site archéologique des Combettes puis le Grau de la Fourcade.
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Rive orientale: Domaine de Méjannes – Mornés, puis le Pertuis de Rousty.
L'île se terminant à environ 10 kilomètres au large de la Fourcade et du pertuis de Rousty...
Aprés ces observations, la carte de la Camargue antique selon la Table de Peutinger apparaît sous la forme schématique ci-dessous .
LA CAMARGUE ANTIQUE
NB : La branche du fleuve Beaucaire - Saint Gilles, qui longeait les Costières du Gard et se jetait probablement dans l'étang de Stommalime n'est pas représentée sur le schéma. Cette branche du fleuve circulait dans une dépression qui fut particuliérement évidente sur les photos sattelites de l'inondation d'Arles de 2003.
Max DANIEL : Représentation de la Camargue antique selon Peutinger
Le lecteur notera que les pointes SUD des deux îles se trouvaient à quelques 23 kilomètres de village actuel des Saintes... C'est à dire à la même lattitude que le cap couronne...
Lire Le Carrelet, Lucas Martin , dans Bulletin archéologique de Provence, supplément 2, 2004.
Vestiges du IIème siècle av JC au IIIème ap JC.
Coupe 300 du Carrelet
Pour bien des raisons, le site de Carrelet semble avoir été un lieu prépondérant pour la navigation dans le delta. Il est très riche en enseignements : nous sommes en effet sur l'emplacement d'un ensemble portuaire comprenant entre autres un quai, des habitats, des bassins de salaison, des sites funéraires, etc... Une des dernières fouilles du lieu, montre qu'au tout début de notre ère, le Rhône de Saint Féréol coulait en ce lieu à environ 3,50 métres sous le niveau du sol actuel. Le rivage du port de Carrelet (enrochements) était alors à 1,50 mètre au dessus du lit du fleuve et semblait surmonté par un parapet d'une hauteur de 0,60 mètre.
Son extrémité Sud semble se situer presque à la même hauteur que l'actuelle pointe de Beauduc; l'île se serait donc jusqu’à environ 10 km au sud du rivage actuel des Saintes Maries de la Mer ! Encore que le Livre Noir de Vincent Phalippon, vecteur d'une sorte de tradition orale, nous dit que le village se trouvait au début de notre ére, à 23 km de l'avancée des terres dans la mer ...
La FOSSE MARIENNE
Ce travail sur la géographie de la Camargue Antique, nous emmène à proposer notre point de vue sur l'emplacement du fossé creusé par l'armée du général Marius ... Et en ce sens, nous avons imaginé le trajet d'Arles à la mer, qui à notre point de vue semble être le plus acceptable ...
Il nous apparaît évident de dire que les profondeurs des voies d'eau empruntées variaient ...
On peut dire qu'il y avait tout au plus 0.50m sur l'étang de Stomalimmé, soit entre le port d'Arles (au sud de la ville actuelle, quartier Bigot) et l'anse de Villeneuve/Gageron - Vallériole - Sainte Cécile de Mourefrech.
Il y avait par là obligatoirement un premier port de délestage de marchandises (au nord du mas de Notre Dame d'Amour, il y a un ancien marécage appelé "l'Echelle" c'est à dire l'Escale ou "le port"). D'Arles à l'Escale, et inversement, c'était le parcours en radeaux ou en barques (celle trouvée dans le Rhône par exemple) des Nautes arlésiens.
A partir de la rade de Villeneuve/Gageron - Valériole - Mourefrech, et donc à partir du port de l'Escale, les marchandises étaient transférées sur des navires ayant un "tirant d'eau" maximum de 0.40m, ce qui était le cas des navires romains ... Pour rejoindre la mer, il fallait traverser l'île Est ... D'où l'utilité d'un fossé ...
Le creusement du fossé coupant l'île EST
A notre avis, la solution privilégiait la longueur du fossé à creuser tant il est vrai que la pénibilité des travaux en ces lieux était pour le moins conséquente ! et il devait y avoir la possibilité d'utiliser accessoirement les directions plus ou moins relatives des vents dominants (NNO et SSO) ...
Il nous semble évident de dire aussi qu'il a existé sur chaque rive, un chemin de halage, ne serait ce que pour que les utilisateurs du canal soient le moins dépendants possible des caprices de la nature ...
Globalement on peut situer cette fosse entre le mas d'Agon et le marais de la Grand Mar dans l'axe du canal du même nom ... Là même où la dépression du terrain "originelle" fut la plus marquée... Soit tout au plus sur une longueur de 2 kilomètres.
A la sortie du fossé de Marius, les navires se dirigeant vers la mer, "piquaient" sur le quai antique du Carrelet via l'ancien port de haute mer (à 23 kilomètres de l'actuel village des Saintes) ...
C'est la solution qui nous semble la plus plausible ! On peut alors estimer le temps moyen de navigation à la descente :
- D'Arles à l'Escale soit 11 kilomètres sur l'étang de Stommalime, donc en milieu lagunaire. Au départ de Pont de Crau, en privilégiant l'axe NNO - SSO. Vitesse 1km/h, soit 11 heures.
- La fosse marienne soit 2 kilomètres. Vitesse 1 à 2 km/h, soit 2 à 4 heures.
- La descente du fleuve :
- Du mas d'Agon à Carrelet soit : 6 kilomètres, vitesse 4 km/h. Soit 1 h 30. En privilégiant toujours l'axe du Mistral.
- De Carrelet à la mer soit 30 kilomètres à la vitesse de 4 km/h soit environ 8 heures en axe N-S.
Le cumul du temps de descente minimum (sans compter les délestages et chargements) était donc d'environ 24 heures.
NB : La coupe du quai de Carrelet (publiée ci - dessus) montre que suivant les crises hydrologiques, la profondeur en ces lieux était tout au plus de 0.50 à 1.00 mètre ...
A SUIVRE
- Nous publierons bientôt un docment de cartes plus explicite.
- Nous sommes entrain de mettre en page notre idée sur l'emplacement du "Camp de Marius" ...
2Gilles Arnaud Fasseta et Lucie Chabal « Evolution des paléo-environnements fluviaux dans la plaine deltaïque du Rhône de l'Antiquité au Haut moyen-âge, d'aprés la géomorphologie et l'Anthracologie ». Dans « Crau, Alpilles, Camargue,Histoire et Archéologie ». Groupe Archéologique Arlésien . Arles 1997.
3Louis Stouff, 1993.
1 Voir les cartes de la Marine levées en 1872 et 1895. La carte d’Etat-Major de 1912 ( 3 ans après le séisme de ROGNES). Celle de 1985, (date de la dernière levée de carte).
1Fernand BENOIT notait un recul du trait côtier saintois, de plus de 600 mètres en 150 ans !
2Dans notre région, il est courant d'admettre que la rythmicité sismique est de l'ordre d'un tremblement de terre par siècle...
1Cette carte appelée Table est composée de 11 parchemins assemblés pour former une bande de 680 cm sur 33 cm. Elle montre 200 000 km de routes mais aussi l'emplacement de villes, mers, fleuves, forêts, chaînes de montagnes. Le format ne permet pas une représentation réaliste des paysages, ni des distances, mais ce n'était pas dans les intentions du concepteur. La carte doit plutôt être vue comme une représentations symbolique, à l'image des plans de métros comme celui de Londres, permettant de se rendre facilement d'un point à un autre, de connaître les distances des étapes, sans offrir une représentation fidèle de la réalité. Elle est probablement basée sur la carte du monde préparée par Marcus Vipsanius Agrippa (né en 64 av. J.-C., décédé en 12 av. J.-C.), un ami personnel de l'empereur Auguste. Après sa mort, la carte a été gravée dans le marbre et placée sur le Porticus Vipsaniæ, non loin de l'Autel de la Paix, le long de la Via Flaminia.. De toute évidence, il existe plusieurs versions de la carte originelle de Marcus Vipsanius Agrippa (64 avant JC à 12 avant JC). Dont une première mise à jour après 328, avec la création de Constantinople. Nous savons aussi qu’un moine de Colmar va la recopier en 1265. La Table est finalement imprimée en 1591, sous le nom de Fragmenta tabulæ antiquæ, par la fameuse maison d'édition d’Anvers, de Johannes Moretus.